Théâtre et philosophie avec 3027
Eté 2020. Sortie de confinement. Claude Coquart, Anne Vernet et Jeanne Monot de l’association 3027 sont accompagnés par les bénévoles de Champ libre, Laura et Marie, pour mener un cycle d’ateliers de théâtre et philosophie au centre pénitentiaire de Réau. Ces deux disciplines complémentaires ont offert aux détenus un espace de liberté pour s’exprimer, se cultiver et se revaloriser tout en s’amusant.
« En fait, on est tous des philosophes ! »
Loin d’être une affaire de savoir et de connaissance, la philosophie peut être accessible à tous parce que c’est avant tout une manière de vivre, d’être et de penser. C’est sans doute cet aspect là qui a le plus surpris les détenus, qui, par leurs premières réactions et réflexions ont manifesté une curiosité pour une discipline dont ils avaient une idée peu précise. Elle permet de se poser les questions essentielles qui recèlent un caractère universel et sont partagées par tous les êtres humains (la vie, l’amour, la liberté, la justice, le bonheur…) et d’essayer d’y apporter des réponses.
« L’atelier-philo nous a ouvert les yeux. On s’est rendu compte qu’on pouvait voir la vie et notre avenir différemment. Nous ici on ne pense pas à ça. Ça donne de l’espoir parce que tu te dis qu’en fait tout est possible » raconte S., détenu participant aux ateliers.
L’intérêt des détenus pour la philosophie était tel que l’essentiel du temps a été consacré à essayer d’affiner ce qu’elle peut représenter, comment se l’approprier et en quoi elle peut nous aider à mieux vivre au quotidien.
« Quand nous nous sommes quittés j’ai eu le sentiment que chacun ressentait l’envie d’aller plus loin. Mais peut-être que c’est le premier pas d’un cheminement personnel qui peut transformer leur sensibilité, leur caractère, leur manière de voir le monde, les autres et eux-mêmes » témoigne Claude, co-animateur de l’atelier de philosophie. Quant à la pratique théâtrale, elle est un autre moyen de découvrir les richesses de sa propre personnalité souvent insoupçonnées qui se conjugue avec l’épanouissement personnel et l’affirmation de sa place sociale.
« Pendant l’atelier-théâtre, on oublie les problèmes et la prison, on devient des personnes «normales», on n’est plus des détenus. On joue, on s’exprime, on s’évade. Ça fait un bien fou » confie M., détenu participant aux ateliers.
L’aventure théâtrale telle que Anne et Jeanne la suggère est à la fois individuelle et collective et l’esprit solidaire est naturellement présent. L’exigence, l’énergie et le courage que requiert la pratique théâtrale, la ré-appropriation de sa parole, l’invention de la fiction, le lâcher-prise dans le jeu, le partage de récits personnels réveillent l’individu et lui rendent une dignité et une confiance parfois inespérée. « Je viens de passer huit mois à l’isolement. Rencontrer des gens de l’extérieur qui viennent pour nous permettre de vivre ça ensemble, c’est la plus grande force pour moi. Le théâtre m’a donné de l’énergie, de la confiance et j’en avais vraiment besoin. Je n’oublierai jamais ça » conclue N.