Le 25 janvier dernier avait lieu à la Trockette café – atelier le premier Apéro Pop de l’année, autour du concept historique de punition attaché aux milieux carcéraux et psychiatrique : pourquoi la punition ? Carole et Guillaume, bénévoles à Champ Libre et co-organisateur.ices de cette rencontre, nous livrent le récit de la soirée.

La punition est un concept omniprésent dans notre société, bien souvent enracinée au plus profond de nos stratégies éducatives et judiciaires. D’ailleurs, cette punition est ancrée si profondément dans notre société, qu’il est bien rare que l’on prenne le temps de se questionner sur sa portée, son but ou même sa légitimité.

Au cours de cette soirée, une vingtaine de participant.es étaient invités à échanger et débattre de manière conviviale sur différentes problématiques associées à la punition dans le milieu carcéral ou psychiatrique.


Dans une première partie, les participants étaient invités à se demander ce qui définit et donne une légitimité à l’acte de punir. En particulier, il est ressorti que la punition peut avoir entre autres, un but de neutralisation, de dissuasion, de réinsertion, de vengeance ou même servir à se défouler.

Ensuite, la punition a été examinée à travers le prisme de la punition judiciaire dans le cas d’une peine de prison. Les échanges ont commencé avec quelques éléments historiques et quelques chiffres statistiques, comme par exemple le nombre de personnes détenues, la distribution statistique des peines et des types d’infraction commises.  

En particulier, on a vu que la peine de prison est devenue systématique au début du 19eme siècle afin d’éviter les sévices corporels et ainsi proposer une alternative « plus humaine » la peine.

Avec les participants, nous avons débattu sur les visés et la légitimité de la punition. Nous nous sommes demandés si la prison permettait toujours d’humaniser le châtiment. En particulier, le débat s’est étendu sur l’utilisation de peines substitutives et sur le thème de  la justice restaurative.

En dernier lieu, nous avons abordé le thème de la punition en milieu psychiatrique. On s’est demandé en particulier comment la différence avec autrui pouvait provoquer une réaction punitive, mais aussi si la maladie pouvait être vécue comme une punition.

En particulier, on a utilisé de nombreux exemples issus du film Madgalene Sisters de Peter Mullan (2002) ainsi que certains passages de l’article « Punition et soin », de Stanislaw Tomkiewicz, qui montre la porosité entre les concepts de punition et soin à partir d’un examen de la punition en tant que rééducation et de la complexité des relations entre les institutions judiciaires et psychiatriques. 


Bien entendu de nombreuses questions sont restées en suspens. Cette soirée n’avait d’ailleurs pas pour but d’apporter une réponse tranchée sur tout, tel un ultime point d’orgue qui s’appliquerait à l’ensemble du débat.

Néanmoins, j’imagine que chacun à pu se servir de cette soirée pour faire évoluer ses convictions personnelles sur le sujet, que ce soit en renforçant ses idées ou en modifiant son jugement pour voir les choses autrement.

In fine, merci à tous.tes ceux et celles qui se sont prêtés au jeu et qui ont participé aux différents échanges.

Quelques références non exhaustives sur le sujet : 

Ouvrages

  • Vanessa Codaccioni, La société de vigilance : autosurveillance, délation et haines, Textuel, 2021.
  • Didier Fassin, Punir, une passion contemporaine, Seuil, 2017.
  • Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1975.
  • Frédéric Gros, Thierry Pech, Antoine Garapon, Et ce sera justice : Punir en démocratie, Odile Jacob, 2001.

Articles

Sites internet

  • https://oip.org/analyse/lobsession-de-la-punition/
  • Fédération des Associations Réflexion-Action, Prison et Justice (farapej.fr)