Paul est allé en prison cette année accompagné par Irène, bénévole à Champ Libre. Il raconte son atelier en quelques paragraphes.
J’ai rencontré Champ Libre lors de mon service civique dans l’association FAIR[e] un monde équitable, et l’idée d’un atelier sur le commerce équitable en milieu carcéral faisait partie d’un projet de sensibilisation plus vaste. J’ai sauté sur l’occasion d’avoir cette expérience spécifique de rentrer dans une prison. J’avais dans l’idée que ça ne changerait pas beaucoup des temps de sensibilisations que je réalise d’habitude : cela peut être en s’adressant à des personnes dans la rue, ou à un groupe dans une entreprise… A chaque fois il faut adapter son discours à un nouveau public ! La formation de Champ Libre nous a beaucoup aidé à déconstruire quelques idées fausses que les médias véhiculent sur ce que peut être l’intérieur d’une prison.
Pendant l’atelier, l’idée était de présenter les filières cacao et café, qui sont les filières d’origine du commerce équitable, et les plus connues, afin de mettre en évidence ce que change le commerce équitable dans ces filières et présenter les différents acteurs. Nous voulions échanger et pas faire un exposé comme face à une classe, nous avons donc conçu plein de petites animations, des temps de jeu, des moyens pour aller chercher l’interaction et l’échange. Cela a permis d’ouvrir le débat sur les enjeux en termes de développement durable, mais également en termes économiques et sociaux.
Nous étions à Bois d’Arcy. Les premiers moments dans l’environnement de la prison sont un peu inconfortables, les bâtiments sont très contrôlés. Mais une fois dans la salle de l’atelier, l’espace fait plus penser à un lycée. Et surtout, une fois l’atelier lancé avec ses animations interactives, ça a été tout seul. Les participants étaient très déterminés et investis ; on a essayé de mettre en confiance ceux qui avaient un peu plus de mal à parler. L’important c’est de sortir de la posture de sachant, la relation est vraiment d’égal à égal. Le ton est assez libre, mais avec beaucoup de respect, ils étaient d’ailleurs assez formels au début.
Au final ils étaient plus sensibilisés que les publics habituels. Ils étaient très intéressés et ils avaient un regard assez éclairé sur les questions environnementales et sociales ; cela matchait bien avec les valeurs du commerce équitable sur le respect des personnes. Les personnes qu’on croise en entreprise ont plus de mal à avoir un regard critique sur leur environnement ! On est vraiment très loin des clichés. Les participants étaient très attentifs et ils ont posé plusieurs questions très précises pour lesquelles nous n’avions pas les réponses, mais que nous avons pu faire remonter à nos responsables.
C’était une expérience vraiment très enrichissant, avec en bonus la sensation d’être utile. On fournit de l’échange et on sent énormément de reconnaissance et de bienveillance de la part des participants. Je pense que le fait que nous soyons assez jeunes, peut être plus que la plupart des intervenants, a un peu joué : ça leur a fait du bien de constater que des jeunes s’intéressent à ces problématiques.
Les au-revoir étaient très touchants. J’ai vraiment adoré l’expérience, je ne sais pas si je pourrai renouveler ça mais en tout cas je le recommande à tous ceux qui auraient l’opportunité d’essayer !