Les rendez-vous buissonniers
Champ libre agit pour favoriser le lien social : la situation nous rend la tâche bien difficile. On a décidé de profiter de ce moment quand même, un peu. Les RDV Buissonniers permettent aux bénévoles de Champ Libre (et quelques personnes extérieures qui en font la demande) de rencontrer des personnes / associations / institutions / luttes inspirantes. On se fixe une rencontre d’une heure par semaine.
Sarah Bosquet, journaliste chargée d‘enquête à l’OIP
Jeudi 12 novembre nous avons discuté avec Sarah Bosquet, journaliste chargée d’enquête à l’Observatoire International des Prisons (OIP). Elle nous a parlé de son métier, des témoignages reçus par les détenus et de la situation actuelle en détention, suite au deuxième confinement.
Héloïse Squelbut, coordinatrice à l’Institut Français pour la Justice Restaurative
Le jeudi suivant nous étions avec Héloise Squelbut, coordinatrice de l’antenne nord-est de l’Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR). « Combien de personnes sont suivies par an ? », « faut-il avoir porté plainte pour bénéficier de justice restaurative ? », « qu’est-ce qui motive les personnes condamnées à participer à ce processus ? »… nous avions bien trop de questions pour l’heure allouée, alors peut être qu’il y aura un deuxième épisode !
Gwenola Ricordeau, autrice de Pour elles toutes, femmes contre la prison
Jeudi 3 décembre, nous échangions avec Gwenola Ricordeau autour de son dernier livre Pour elles toutes – femmes contre la prison. Les luttes féministes et les luttes pour l’abolition du système pénal et carcéral sont souvent présentées comme antagonistes notamment dans le cadre des violences faites aux femmes. Ce livre interroge cet antagonisme et l’articulation entre ces luttes à partir de trois questions principales : Le système pénal protège-t-il les femmes ? Qu’est-ce que le système pénal fait aux femmes qui y sont confrontées ? Faut-il inscrire les luttes féministes sur le terrain du droit ?
Pour approfondir la question, on vous recommande l’enregistrement Pour un féminisme anticarcéral, où elle reprend les éléments clefs de son ouvrage.
Claude Gauvard, historienne, spécialiste de la justice à l’époque médiévale a remis en cause l’image négative du Moyen Age, venue tout droit de la Renaissance. Non, le Moyen Age n’est pas plus barbare que le XXe siècle, au contraire !
Dans cette société de l’honneur qu’était la France au XIIe siècle, la peine est avant tout affaire privée : la vengeance a lieu dans la rue, en public. Chaque abbaye à son tribunal, il n’existe aucune homogénéité d’une juridiction à l’autre, ce qui permet d’échapper aisément à la peine. Le pouvoir justicier du roi, quand à lui, début d’une tentative de centralisation, passe bien davantage par la grâce que par la coercition.
Les peines les plus pratiquées sont les amendes (pour vol mais aussi pour homicide) ou bien le bannissement, châtiments bien plus fréquents que la peine de mort (à laquelle on peut préférer en cas de récidive la mort symbolique, comme procédé de diffamation). La torture est pratiquée uniquement pour obtenir l’aveu – et celui-ci est rarement la priorité des juges. Et la prison n’existe pratiquement pas (et oui, les oubliettes des châteaux forts n’ont été des prisons qu’à une époque bien plus récente !).
Si la société médiévale est profondément inégalitaire, elle n’est pas si cruelle et sanguinaire qu’on le prétend et est profondément imprégnée de la pensée de Saint-Augustin : tout homme peut se racheter…
Pour en savoir plus, son ouvrage Condmaner à mort au Moyen-Âge.