Apéro POP désintox #1 : psychiatrie et préjugés
Mercredi 26 février, on s’est retrouvé à plus de 70 personnes au Bar Commun pour combattre nos préjugés sur la psychiatrie. Au menu de la soirée :
19h45-20h45 : on démolit les 10 plus gros préjugés sur les personnes atteintes de troubles psy
Pause : on s’abreuve, on papote
21h-21h45 : on se creuse le ciboulot collectivement pour préparer nos interventions en HP !
Finalement, cinq préjugés ont été discuté :
1/ « Il y a des plus en plus de personnes atteintes de troubles psychiatriques ». A votre avis, combien ?
2/ « Ça concerne essentiellement des personnes marginales ». A votre avis, y a-t-il un profil type ?
3/ « Les personnes atteintes de troubles psy sont dangereuses ». Quelle est la proportion d’actes violents parmi les schizophrènes ?
4/ « Les maladies mentales sont une invention des labo pharmaceutique ». Qui définit ce qu’est une maladie ?
5/ « La camisole et les électrochocs, c’est que dans les films ». Vrai ou faux ?
On a ainsi appris qu’une personne sur quatre en Europe est touchée par des troubles psy au cours de sa vie (OMS), et que oui, ça concerne tout le monde. Il est difficile de dire combien de personnes sont atteintes aujourd’hui, mais en France, en 2015, on compte 2,4 millions des personnes prises en charge en hôpital de santé, 20,5 millions d’actes en ambulatoire et 200 000 passages aux urgences pour tentatives de suicide. On a discuté de l’oeuf et la poule et de cercle vicieux (marginalisation > troubles > marginalisation > troubles). On a aussi découvert que, si 1% des crimes étaient commis par des personnes atteintes de troubles grave, une personne atteinte de troubles psy avait par contre 12 fois plus de chance d’être victime de violence que d’autres, 140 fois plus de chance d’être victime de vol et a une espérance de vie de 10 ans à 25 ans inférieure à la moyenne. Or 45 % des Français pensent que les patients atteints de pathologies psychiatriques sont dangereux pour les autres, selon un récent sondage pour la fondation Fondamentale.
On a aussi bien débattu sur le DSM (le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux). Pour mieux comprendre les enjeux du DSM, vous pouvez écouter le Data Gueule 91 (min 1’10 à 3’00).
Enfin, nous avons entendu des personnes ayant faits des passages en hôpital psychiatrique témoigner de l’existence bien réelle des électrochocs et de la camisole, même auprès de personnes mineurs. Nous avons également entendu la détresse des personnels soignants qui, à défaut de personnels suffisant, développent avec le temps une relation déshumanisée avec les patients.
Nos préjugés participent à la souffrance psychique et nous continuerons d’essayer de les combattre, avec les Apéro POP mais aussi en organisant des ateliers et rencontres dans des structures de soin. Pour nous aider à monter ce projet, nous avons demandé aux participants de la soirée de travailler sur plusieurs thématiques.
1/ Les bons mots
2/ Se cultiver
3/ Des idées d’atelier
4/ Quelles autres questions doit-on se poser ?
On a donc pesé les avantages et inconvénients de nombreux termes (troubles, patients, personne qui présente un trouble en…, personne en souffrance psychique, soignant). Et on en a proscrit un certain nombre (malade, santé mentale, usager, psychotique,…). Finalement, pour choisir, il peut être important de demander, tout en faisant attention au fait que la personne face à nous ne sait pas toujours elle-même comment se définir et que cela peut générer de l’angoisse. On garde l’idée de créer un laboratoire collectif et participatif pour parler de la psychiatrie !
On nous a conseillé une petite filmographie (Joker, Shutter Island, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Bug) et quelques ouvrages (Une case en moins, Tous pas pareil, Demain j’étais folle, le Bal des folles, 10 jours dans un asile et À la folie, pas du tout).
Plusieurs ateliers ont été proposé : des choses manuelles et créatrices (des bijoux ?), des ateliers culinaires, sur l’écologie et la planète, ou d’expression libre. Mais aussi un rapport plus attentif au corps, souvent oublié dans ces temps centrés sur l’esprit. Ainsi que des ateliers en extérieur, qui vont à la découverte de la ville et des autres.
Enfin, de nombreuses questions restent évidemment encore à aborder. Parmi elles : nait-on ou devient-on fou ? Quelles limites du soin ? (comment faire lorsque le patient refuse les soins ? face à un désir de suicide sans user de la force ?). Les lieux de soin, hors en dans la ville…
Un grand merci à tous-tes ceux-celles qui nous ont accompagné pendant cette soirée et ont accepté de lutter contre leurs préjugés !Â